jeudi, 26 mai 2005
Leçon n°30 : découvrir son admirateur secret
J'avais remarqué un beau jeune homme qui vient tous les midis au restaurant. Très gentil quand c'est moi qui le sers, mais terriblement timide. Il lui aura fallu un certain temps avant de m’avouer qu’il était le mystérieux expéditeur des fleurs.
J'étais vraiment surprise, j'avais presque fini par croire que c'était une blague, l’anonyme ne s’étant pas manifesté à nouveau. Et encore, vous ne connaissez pas la meilleure... Ce n’est pas un illustre inconnu.
Sébastien a 23 ans. Il est joueur de foot dans une grande équipe française. Malheureusement, une blessure l’empêche de jouer depuis plus d’un mois. Alors, il en profite pour se cultiver. Livres, musées, concerts, et j’en passe. Et tous les midis, il vient m’observer.
Il m’a invité au restaurant, pour faire plus ample connaissance. On s'est revu plusieurs fois et maintenant, nous sommes ensemble. Je suis sur un petit nuage. Il n’a vraiment rien à voir avec mon ex-dragueur-de-toutes-les-comédiennes-de-la-pièce.
Je n’y connais pas encore grand-chose au foot, mais quelques rapides recherches sur internet m’ont appris qu’il faisait partie des meilleurs espoirs français. Très intéressant, bien que je l’aime surtout pour ce qu’il est, un jeune homme cultivé, plein de charme et d’attentions.
Je sens que je vais faire des jalouses.
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lundi, 23 mai 2005
Leçon n°29 : faire une collection
Je vais faire une collection moi aussi. Mais pas une lubie banale, non, quelque chose qui sort du lot, qui impressionne, qui surprenne. Réfléchissons...
Les chaussures, à éviter, c'est déjà trop fréquent. Et puis, pour ne pas les mettre, ce serait vraiment dommage. Les sacs à main, pareil, j'aime trop la mode pour voir tout ça finir dans un placard. Les lunettes, ça aurait pu marcher, avec ma personnalité, mais ça ne serait pas novateur du tout. De toute manière, Stella Strawberry n'a qu'une seule paire de lunettes. J'y reste fidèle.
En fait, plus une collection est inutile, plus elle a de chances de faire parler d'elle. Bref, il me faut une idée génialissime, décalée et réalisable bien sûr. Je vais collectionner des sacs plastiques et en papier.
Attention, je n'ai pas dit sacs poubelle, nuance. Je vais conserver tous les sacs des boutiques connues où je ferai mes achats. Evidemment, plus je serai célèbre, plus j'aurai d'argent, plus je pourrai faire du shopping et donc augmenter ma collection. J'adore le côté 'ça ne sert strictement à rien' mais au moins ça fera parler de moi...
Et puis, ça a un côté écologiste, au moins ces sacs ne pollueront pas la nature en traînant dehors.
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dimanche, 22 mai 2005
Leçon n°28 : défendre une bonne cause
Connaissez-vous le meilleur moyen de faire oublier vos frasques ? Non ? C'est simple pourtant, il suffit de se racheter une conduite. Toutes ces stars qui ont défrayé la chronique et qui passent aujourd'hui pour des modèles en s'engageant dans des associations, ça laisse pensif.
Je ne suis pas tout à fait dans ce cas, moi, je suis quelqu'un de bien dès le départ. Mais, tant qu'à faire, éviter la case ‘scandale’ et passer directement à celle 'star modèle qui fait de bonnes actions' ça me convient parfaitement. Une bonne image, ça se travaille. Et quand je serai très célèbre, je pourrais toujours m'amuser à quelques petits dérapages contrôlés dans la presse afin qu'on parle de moi. Passé un certain point, la tendance sainte, ça ennuie les gens.
Donc, dans quoi vais-je pouvoir jouer les anges gardiens ? J'avais pensé à la protection des animaux et la lutte anti-fourrure, mais c'est d’un banal. Et puis, avant de m'occuper des autres animaux, il faut que je n'oublie pas les miens. J'envisage même d'en adopter un de plus. L'environnement ? Pareil.
Un domaine qui marche bien, parce que parfaitement admirable, c'est l'humanitaire. En plus, j'aime tant aider, rendre service. Ma renommée internationale permettra de soutenir tous ces pauvres gens, victimes de catastrophes en tous genre. Au moins, je me sentirai efficace. Une star utile, c'est chouette, non ?
En attendant l'humanitaire à grande échelle, je vais faire du bénévolat dans une association qui aide les sans-abri. Ça remet tout de suite à sa place. Heureusement que j’ai retrouvé ma liberté de célibataire, mes deux soirs libres serviront à mes bonnes actions.
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vendredi, 20 mai 2005
Leçon n°27 : accuser une baisse de moral
Donc, d'apparence, je vais très bien. Un travail dans lequel j'évolue assez rapidement, un rôle au théâtre qui me permet de construire les bases de ma carrière et deux adorables hamsters. Que demander de plus ? Pourtant, ça ne me suffit pas, moi, je veux être une star.
J'ai surpris mon soi-disant petit ami en train de draguer une autre comédienne de la pièce. Heureusement que je ne suis pas encore tout à fait célèbre, ça aurait fait très mauvaise publicité d'être trompée et que ce soit crié sur les toits. Cette histoire n'aura pas duré longtemps. Tant mieux dans le fond, il m’encombrait.
Je ne vais pas noyer mon petit moral dans l'alcool, puisqu'une star ivre, en plus de ne pas être élégante, ça se retrouve en moins de deux en première page des journaux à scandales. Je suis quelqu'un de bien, je ne bois que de l'eau. Cela dit, le champagne quand je serai célèbre...
Je ne vais pas non plus rester enfermée dans ma chambre de bonne, à refuser de voir quiconque. Star à domicile ? Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de débouchés.
Il faut que je me ressaisisse et que je trouve quelque chose à faire pour gagner en popularité. Une star ne doit pas se laisser abattre. Ce n’est pas évident.
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mercredi, 18 mai 2005
Leçon n°26 : être zen
tre célèbre, c'est stressant. Alors, pour garder le contrôle d'elle-même, la star va faire du yoga ou de la méditation. C'est terriblement à la mode en plus, c’est superbement classe d'être zen dans ce monde dingue rempli de gens qui courent partout.
Forcément, j'ai décidé de m'y mettre aussi. Faute de moyens, je ne peux pas avoir de professeur particulier, et faute de temps je ne peux pas me rendre à des cours de yoga en groupes. J’ai acheté des livres à la place.
Ça me fait du bien, entre le rythme éprouvant de mon travail et les répétitions. Imaginez la tête de Desmond et Molly quand ils me voient faire mes exercices. Heureusement que dans ma chambre de bonne, je n’ai pas souvent de visiteurs. Je serais fort ennuyée d’être dérangée en pleine séance de relaxation. Cela aurait même tendance à m’énerver.
Quand je serai célèbre, je mettrai ma plus belle tenue de sport, et j’irai voir mon professeur particulier de yoga. Bien sûr, en me déplaçant moi-même, je donne une chance aux paparazzis de me prendre en photo. Je vous l’ai déjà dit, je tiens à me voir en survêtement de sport, la bouteille d’eau à la main, dans toute la presse people.
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lundi, 16 mai 2005
Leçon n°25 : trouver une âme soeur
Dans la presse, c'est toujours pareil. On apprend que telle et telle stars sont tombées sous le charme l'une de l'autre lors d'un tournage. C'est redondant, mais ils auraient tort de s'en priver, ça fait toujours une bonne publicité pour le film. Bien entendu, quand le film est un navet, on peut d'avance estimer que le couple médiatisé ne résistera pas.
Donc, si vous vous demandez encore où j'ai trouvé mon âme soeur temporaire, c'est qu'il vous manque des cases. Bien évidemment, c'est l'un des acteurs de ma pièce de théâtre. Je n'ai pas choisi le plus moche, je n'ai même pas vraiment choisi, il est venu tout seul à moi. Au moins, je suis rassurée sur mon charme.
Ce jeune homme s'appelle Vincent, et en plus d'être comédien, il est étudiant à ses heures perdues. Il est très gentil, très calme, et il a l'air fort intelligent. Heureusement pour lui, je n'aime pas les QI d'huîtres. Bref.
C'est après une répétition, un soir où je ne travaillais pas, qu'il m'a invité à prendre un verre et qu'il m'a déclaré sa flamme. Comment refuser ? De toute façon, je suis trop seule en ce moment.
Il faut que je pense à ne pas trop m'attacher, j'ai un tableau de chasse à remplir. Il a l'honneur de l'inaugurer. Il faudra néanmoins faire attention, les anciens petits amis, c'est toujours très bavard quand on devient célèbre.
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samedi, 14 mai 2005
Leçon n°24 : décrocher son premier rôle
Ma première audition de comédienne s'est plutôt bien passée, mais malheureusement, je n'ai pas été retenue et de toute façon, ce n’est pas plus mal, le rôle ne me plaisait pas. Je ne vais quand même pas jouer un personnage qui ne m’intéresse pas ! Qui parle de concessions ? Bon, d’accord, je n’aurais pas refusé le rôle si on me l’avait attribué. Je cherchais juste à vous faire croire que je ne suis pas vexée d'avoir été refusée.
Une star ne doit pas s'arrêter sur un échec. Dans mon cas, ce serait stupide, ma carrière au théâtre n'a pas vraiment commencé, et il faut persévérer. Ce que je fais.
Et puis, parfois, la chance, du débutant, nous sourit. Enfin, non, je ne dois pas dire ça, c’est mauvais pour mon image. C'est mon talent qui m'a permis de décrocher ce premier rôle. Et ma personnalité. Mes lunettes ? D'accord, aussi. En fait, comme je vous l'avais dit, mon professeur dirige une troupe de théâtre. Ayant fait d'incroyables progrès, il a deviné le potentiel de grande actrice qui se cachait derrière quelqu'un comme moi. Comment voulez-vous maintenir votre modestie dans pareil cas ?
Résultat, j'ai obtenu un rôle dans la pièce de théâtre qu'il a choisi, et qu'on jouera dans une petite salle à Paris. La pièce est un classique du théâtre français, d'un auteur que j'aime beaucoup, et l'adaptation est résolument moderne. Ainsi, je vais pouvoir garder les lunettes sans problème.
Vivement qu'on joue dans une grande salle, parce que celle où l'on se produira n'aura pas mon nom inscrit sur la façade, avec des néons. Espérons que les répétitions se passeront bien. J’ai hâte de montrer au monde entier de quoi je suis capable.
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jeudi, 12 mai 2005
Leçon n°23 : s'accorder des vacances
Les stars agissent constamment ainsi. Un peu trop de stress ? Un jet privé direction le soleil et c'est reparti pour un tour. Solution miracle ? Je vais donc aller prendre l'air. J'avoue ne pas être l’heureuse propriétaire d’un jet privé, donc, on se contentera d'un vieux train miteux. Gardons le sourire, ce n'est guère le moment de se plaindre. Pensons plutôt à la plage et au ciel bleu.
J'oubliais un détail relativement essentiel. Je pars en Charente. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus côté, mais mes parents ont un petit studio là-bas. J’évite ainsi d’onéreux frais de logement. On y allait souvent avant, quand j’étais jeune, très jeune, et que je n’avais pas cette idée étrange et entêtante de devenir célèbre. Je suis passée rapidement prendre les clefs, un jour où ils étaient encore trop occupés dans leur pharmacie. Personne ne sait où je vais, je me suis assurée de ma tranquillité, loin de l’infernale vie parisienne.
Il faut impérativement que je bronze un peu, ne serait-ce que pour améliorer mon teint. Je sais que mon visage est partiellement caché par mes génialissimes lunettes, mais quand même. C'est la classe de revenir des plages, bien dorée. Vous en connaissez beaucoup des stars blanches comme un sachet d'aspirine ? Avouez que c'est plutôt rare, bien que ça existe quand même. Je ne veux pas avoir l'air malade. Il faudra juste prendre garde aux vils coups de soleil. De quoi plomber mes chances de réussite.
Je m'imagine déjà dans mon adorable bikini sur les plages charentaises. D'ailleurs, gageons que ce sera prochainement le nouveau lieu à la mode, grâce à moi. En attendant, il va falloir que j'en profite, parce qu'à mon retour, les choses sérieuses vont commencer.
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mercredi, 11 mai 2005
Leçon n°22 : avoir un admirateur secret
Et bien figurez-vous que j'ai eu la bonne surprise de découvrir que j'en ai un aussi. C'est bon signe ça, pour ma carrière. Ça veut sûrement dire que je suis sur la bonne voie.
Un magnifique bouquet de roses rouges, bien sûr, m’attendait au restaurant. Les autres serveuses en étaient vertes de jalousie, malgré le fait que ce soit difficile à imaginer au niveau du teint. Faisant fit de leur défaut, la curiosité l’emportant, elles sont venues me questionner sur ces fleurs.
Afin de jouer les divas, et histoire de les préparer psychologiquement à ma future célébrité, j’ai dit que ça ne regardait que moi et je suis partie m’enfermer dans les vestiaires. Ainsi au calme et loin des yeux malveillants de ces commères, j’ai pu lire le mot qui accompagnait le bouquet.
Une belle écriture masculine avait aligné sur un coûteux papier ces quelques mots :
A la plus élégante et incroyable jeune femme qu’il m’a été donné d’apercevoir. Je suis un fidèle client du restaurant mais vous ne m’avez probablement jamais remarqué. Qu’importe, vous éclairez mes journées et je tiens à vous offrir ces modestes fleurs qui n’égaleront jamais votre charme.
Vu la masse impressionnante de clients qui vient quotidiennement au restaurant, je serais bien incapable de mettre un visage sur mon mystérieux admirateur. J’aurais bien voulu le remercier, mais il n’a pas laissé son adresse. En même temps, il s’agit d’un mot anonyme, donc, logiquement, s’il me donnait ses coordonnées, ça ne serait plus anonyme. Je suis une future star intelligente, vous avez vu. Mon cerveau brille sans court-circuiter.
Ça va faire chouette dans ma chambre de bonne, cette petite composition florale. Vivement mes futurs cadeaux d’admirateurs secrets, mon chez-moi manque de couleurs. Je me plains, oui, mais parce que ça fait excessivement star, voyez-vous. Je m’entraîne.
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dimanche, 08 mai 2005
Leçon n°21 : apparaître dans la presse
Il y avait ma photo. Oui, Stella Strawberry, prise en photo pour l'un de ses magazines où l'on peut voir toute star qui porte bien ce titre. Avais-je manqué quelque chose ? Etais-je déjà si connue pour mériter ma photo ici ? Être célèbre si vite, ça m'étonnait, je n'avais pas encore fait grand-chose.
En fait, la photo a du être tirée du documentaire sur le restaurant. C'est plutôt chouette, je suis bien photogénique, ça rend vraiment bien. En observant l'article, mon enthousiasme est descendu un peu. L'article ne parlait pas tout à fait de moi, mais faisait l'éloge du restaurant. Je me disais aussi, c'était trop beau pour être vrai.
J’ai lu l'article en entier, et finalement, surprise, il y avait quelques lignes sur moi. Et quelles lignes... Que des compliments sur cette jeune inconnue qui se cache derrière son incroyable accessoire et dont le service est exemplaire. J'en rajoute peut-être un peu, mais cet article parle de moi, et les compliments sont réels. On s'extasie sur ma personne, c'est très flatteur. Ma modestie en prend pour son grade, mes chevilles ne se sentent plus de joie.
Je vous l'avais dit, je deviens une vraie curiosité. J'apparais déjà dans la presse à scandale ! Bon, je vous l’accorde, dans la rubrique gastronomie mais c'est toujours ça de gagné.
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